Du 23 au 26 juillet : Ubud

Publié le par refabael.over-blog.com

Jeudi 23 juillet 2015

Aujourd'hui, nous nous lançons à pied pour toute une journée : pas de scooter, pas de taxis, pas de vélos, seulement nos jambes pour nous porter à travers les rizières et la forêt tropicale.

La balade commence par une longue crête qui remonte vers le nord. On est dans les champs d'herbe à éléphant, cette herbe qui sert à faire les toitures des maisons. Puis, on arrive dans les rizières. Les champs se cantonnent aux plateaux entre deux rivières et s'étagent un peu en approchant des vallons. D'immenses arbres, faisant penser à ceux de la savane, avec leur canopée en parasol, dépassent les bananiers et les cocotiers et donnent à ce paysage un relief particulier. Le nombre de rivières qui descendent du Nord -donc des pentes du Mont Batur- semble infini et rend compliqué les déplacements est-ouest. Notre circuit, emprunté au "lonely planet" nous amène maintenant à longer des routes et c'est beaucoup moins agréable. Après la pause de midi, nous trouvons enfin le chemin qui nous écarte des routes. Il nous fait descendre vers un gros torrent. En descendant, nous croisons des hommes et des femmes qui portent chacun raft dégonflé sur la tête. En fait, nous sommes à l'arrivée d'une descente de rafting bien connue à Ubud. Nous tentons la descente à la nage sur les 100 derniers mètres. Tentative réussie ! Tels des dauphins, nous accompagnons les rafts sur cette dernière portion et ça fait beaucoup rire les touristes javanais à bord. Pour rentrer, nous devons longer la rivière sur quelques km dans sa partie la plus sauvage ; c'est magnifique, nous sommes au cœur de la forêt, des lianes immenses pendent des arbres. Un bruit attire l'attention de Rémi : c'est uns sorte de sifflement. Au début on croit que ce sont les rafts en cours de dégonflage, sur la rive. Mais il semble bien que ce soit un insecte, du genre des bêtes à bois, le sifflement étant en quelque sorte le bruit de sa "tronçonneuse" ?

La balade se termine dans les rizières ; les paysans sont en train de brûler la paille et les feuilles du riz ; je me dis qu'il ne doivent pas avoir de vaches car toute cette matière aurait été profitable au bétail. De belles maisons attirent Valérie et lui donnent des envies de luxe : pourquoi ne pas se trouver une petite villa pour quelques jours, loin du centre d'Ubud, au calme ? Renseignements pris, ce n'est pas beaucoup plus cher que notre logement actuel en ville : 500 000 rp au lieu de 400 000 et on est quand même plus à l'aise que dans notre unique chambre pour 6. Allez, c'est décidé, on change d'air demain soir.

De retour à Ubud, on en a plein les patounes ; il faut dire qu'on a pas mal marché sur le goudron et ca casse les jambes ; on a une seule envie, c'est de se reposer et nous ne cherchons pas beaucoup notre "râtelier" du soir : le warung tenu par notre propriétaire, sur la rue Kajeng. D'après nos voisins Marc et Jade, c'est un des meilleurs de la ville. Marc est un étudiant parisien qui a pris une année de césure ; il est à Ubud depuis déjà 4 mois et y reste jusqu'à fin août. Il est calme et posé et semble à la recherche d'une certaine sagesse en restant dans ce coin de Bali, au lieu de bouger tous les jours. Il passe beaucoup de temps avec Nyoman, le propriétaire, à discuter et refaire le monde le soir. Son amie, Jade, a fait quelques semaines de volontariat en tant que maîtresse dans un autre coin de Bali, mais a vite arrêté l'expérience car elle se sentait là surtout pour l'argent qu'elle apportait (logement, nourriture) et pas tellement pour son rôle d'enseignant. Comme souvenir de ce village, elle a ramené un petit chat, Tempé, qu'elle a sauvé de la mort.

Vendredi 24 juillet 2015

Aujourd'hui nous partons dans la forêt de nos cousins les singes. Une colonie vit au sud d'Ubud, dans un vieux temple. C'est digne de Mowglie !

D'après une étude menée sur le site début 2015, il y aurait pres de 500 individus, de quelques jours à 7-8 ans pour les plus vieux. Différents sous groupes se répartissent le territoire. Gare à ceux qui commencent à manger quelque chose dans le parc, car ils se retrouvent immédiatement avec deux ou trois singes dans les bras et plus rien dans les mains en quelques secondes ! Sur un panneau, il parlent aussi de gros varans qui peuvent aller jusqu'à 2 m de long, appelés localement des "Alu Alu", champions de course, d'escalade et de plongée en apnée (plusieurs dizaines de minutes). Heureusement pour nous, ils se nourrissent d'insectes, de petites souris et d'oeufs ! Par chance, on en croise un dans un sous-bois bien dégagé. Il est effrayé et file vers la jungle plus dense.

On entend à nouveau les cigales locales, avec leur espèce de crissement aigu continu, qu'on avait pris le premier jour pour un raft en cours de dégonflage.

Je me demande si cette colonie de singes, nourrie a grand renfort de bananes par les touristes va garder quelques caractères de son comportement d'origine. En tous cas, il faut reconnaître que c'est amusant, surtout les jeunes qui viennent jouer sur nos épaules.

La fin d'après-midi est consacrée au déplacement de nos bagages vers notre nouvelle "villa" ; comme il y a une petite cuisine, nous craquons et décidons de manger à la maison ce soir (c'est le monde à l'envers). Au menu : spaghettis à la sauce bolognèse !

Dirta, le propriétaire m'informe que demain, c'est la grande cérémonie de kuningan, clôturant ainsi cette période de fête qui avait commencé avec Galungan, à notre arrivée à Bali. Il est d'accord pour que nous l'accompagnions et vivions ce moment religieux avec lui.

Samedi 25 juillet 2015

Le rendez-vous est donné pour 15h avec Dirta. Ca nous laisse le temps d'aller visiter le Neka Art Muséum, à l'est de la ville. Neka est un collectionneur qui a rassemblé au cours du XXe siècle toute une série d'œuvres qui résument bien l'évolution de l'art balinais. Nous visitons les premières œuvres ensemble, mais les enfants partent ensuite à fond dans cet espèce de labyrinthe qui comprend 13 pièces ou pavillons différents. A la fin, nous nous retrouvons dans un petit patio où quelques instruments du Gamelan ont été mis en libre service. On échange sur les œuvres que nous avons préférées. Valérie s'est découvert un nouvel intérêt pour l'art moderne et a particulièrement été sensible à une œuvre de Affandi, représentant les Barongs, ces dieux protecteurs, dans un feu d'artifice de couleurs. Moi, j'ai craqué pour un simple profil d'une jeune balinaise, au fusain, un instant de beauté à l'état pur de l'être humain.

Rémi a aimé une représentation de Shiva, avec ses multiples bras, inscrite dans un cercle. Bastien a admiré la collection de kyris, ces dagues à la lame qui ondule, telle un serpent. Elian est impressionné par un tableau qui représente deux dauphins sous l'eau. La lumière entre dans cette scène par le haut et scintille autour des deux mammifères.

De retour à la maison, comme prévu, nous allons faire un petit moment spirituel au temple familial de Diarta. Sa famille doit être très grande car le temple est impressionnant. Il nous bénit avec de l'eau qu'il faut boire à plusieurs reprises, puis nous laisse prier comme nous savons le faire.

Kuningan symbolise la victoire du bien sur le mal, même si le mal semble nécessaire puisque chaque élément a son dieu et son démon.

Le soir vers 19h, nous retrouvons Diarta et son cousin Dikat pour assister à l'ultime procession des Barongs et des mauvais esprits. Tout le village de Penestenan est en fête. Nous suivons Diarta dans le cortège. Le gamelan donne le tempo de la marche et a chaque place, nous nous arrêtons ; là, les Barongs, tour à tour le lion, puis le tigre et enfin le sanglier, défient et harcèlent les mauvais esprits. Dikat est à la flûte dans le Gamelan.

Vers 20h30, nous décidons de quitter le cortège, remercions chaleureusement Diarta et le laissons vivre cette cérémonie à son rythme.

Dimanche 26 juillet 2015

Il s'agit aujourd'hui de rallier Ubud à Tempaksiring, un lieu saint très connu au nord dUbud.

Derrière le marché de la ville, nous parvenons à trouver des VTT en location (le scooter est nettement plus recherché) ; ils ne sont pas reluisants mais ça ira pour l'usage. On quitte peu à peu la ville et son trafic et après avoir franchi une côte, que dis-je, un mur de catégorie, euhhh, 12 au moins, on se retrouve sur un plateau agricole qui monte doucement vers le nord, suivant les premières pentes du Volcan Batur. Apres quelques échanges de vélo, pour s'ajuster aux souhaits de chacun (hein Elian...), on trouve notre rythme : il faut parcourir une vingtaine de km sur des petites routes cabossées, ça devrait faire.

Des aigrettes toutes blanches sont en train de faire leur "marché" dans les rizières ; une femme et son mari séparent le riz du son dans un geste parfaitement maîtrisé. Plus loin, des gens ont installé un stand de victuailles et de boissons, sorte de point de ravitaillement. En effet, on se rend vite compte que la route que nous avions choisis pour ce parcours VTT est connue de tous les guides locaux et nous commençons à croiser pas mal de groupes qui descendent. Des petites guinguettes comme celles-là, il y en a partout à Bali. A tous les coins de rues, mais aussi dans les endroits les plus reculés de la campagne, on trouve ces petits vendeurs qui proposent boissons, biscuits et fruits locaux, tout cela, vendu à grand renfort de plastique, immédiatement jeté dans le premier fossé après consommation. Et oui, c'est ça Bali : à la beauté des paysages, au raffinement de la culture et des arts, à l'immense spiritualité, se mêlent les affres de la société de consommation et une absence quasi totale de prise en compte de l'environnement. Un jour viendra certainement où l'île étouffera sous ses déchets et où elle devra réagir.

Perdu dans ces réflexions, je sirote une noix de coco avec les enfants. Arrivés dans la ville sainte, nous mangeons notre riz quotidien en regardant à la télé notre désormais célèbre héros balinais : Baalever. Son regard hypnotique nous fascine !

Tempaksiring est un très vieux temple, datant peut-être du XIIe ou XIIIe siècle. Il a été creusé dans la roche volcanique, tendre, sur les pentes d'un vallon. Ca nous fait penser aux tombeaux des lyciens, au sud de la Turquie, dans la ville de Kars. Dans le fond du vallon, une jolie rivière à l'eau d'une grande limpidité nous invite à la baignade et après avoir demandé, nous nous glissons doucement dans le bouillon d'une grande marmite ; quel délice !

Le temple est aménagé de grands bassins et de rigoles. Ca devait être un paradis de l'eau.

Après avoir gravi les 280 marches nous séparant de nos vélos, nous poursuivons notre route jusqu'à un autre temple, construit autour d'une source : le Pura. Quantité de pèlerins s'y rendent pour y être purifiés par les eaux saintes. Ils entrent dans un grand bassin, de la taille d'une piscine, alimenté par une dizaine de gargouilles. Derrière, dans une deuxième piscine, interdite à la baignade, jaillit la source divine. Au moyen-âge, le roi de cette région avait ordonné la restauration de ce temple ; la source aurait servi d'antidote à un poison utilisé contre son armée.

Dans une troisième immense piscine, en contre-bas, de gros poissons sont gavés par les pèlerins et font la joie de tous les enfants.

Nous voilà repartis en sens inverse et nous rendons les vélos à Ubud juste à temps. Ce soir, nous décidons de compléter notre connaissance des danses balinaises (on avait assisté à du katchac à Uluwatu) par le Legong, danse traditionnelle, interprétée par 5 jeunes filles. Dans le décor du palais d'Ubud, résidence d'une partie de la famille royale jusqu'au début du XXe siècle, nous assistons à 6 danses différentes. Tout d'abord, le Gamelan (l'orchestre) se met en place avec d'un côté les xylophones et de l'autre les gongs. Au centre, deux gros tambours donnent le rythme. Ils ne vont pas arrêter de jouer pendant 1h30, alternant les morceaux rapides, lents, mais toujours très saccadés. Ce sont les musiciens qui vont animer, au sens propre du terme, les danseurs.

5 hommes et femmes entrent en scène. Les femmes ont un bouquet de fleurs et les hommes des ombrelles qu'ils font tourner avec habileté. On s'était déjà aperçus que cet instrument jouait un rôle important dans la culture balinaise, notamment lors des cérémonies funéraires.

Puis c'est une danse guerrière effectuée par 4 garçons, armés du fameux kyris, dague traditionnelle. Ils sont coiffés d'une sorte de casque à plumes, qu'ils arrivent à faire frémir, comme si toute la tension de leur corps de guerrier se concentrait sur leur tête. Avec une grande dextérité, ils enchaînent les passes, les esquives. Les gestes sont saccadés et forment des sortes de tableaux successifs, plutôt qu'une danse continue. Seules des sortes de cymbales parviennent à faire un son "glissant", par leur frottement, emmenant ainsi les danseurs dans un geste enroulé.

C'est enfin le tour de La Danse balinaise, le Legong. Ici, ce sont 5 danseuses expérimentées et qui ont certainement toutes plus de 20 ans. La lutte entre le bien et le mal est au soi-disant au centre de la thématique de la danse, mais nous nous laissons plutôt envoûter par ces regards qui ne clignent pas, renforcés par un maquillage noir. Les yeux sont ouverts à l'extrême et le mouvement des pupilles est rythmé par les gongs. Ca me fait penser aux statues à l'entrée des temples : les yeux sont presque toujours quasiment sortis de leur globe. Les mains et plus particulièrement les gestes des doigts font partie des choses les plus impressionnantes dans cette danse. Les danseuses sont de véritables contorsionnistes des doigts : ils vibrent au son des instruments, tandis que le reste du corps se maintient dans une position relativement constante, les genoux ouverts et pliés et le dos cambré à l'extrême. Pas de saut de chat, pas de mouvements amples, pas de grandes envolées comme savent le faire nos danseuses classiques ou modernes. Là, tout est dans le petit, le fin, le précis, le détail. Les deux solos qui suivent magnifient cette expression corporelle. La femme d'abord devient réellement un corps animé par les instruments et pendant près d'un quart d'heure, elle nous captive et on ne se lasse pas ; elle-même semble être entrée dans une sorte de transe. Ensuite l'homme : il porte un masque et son corps, hormis quelques pas, ,en avant ou en arrière, toujours genoux pliés et ouverts à presque 180 degrés, ne bouge quasiment pas. Là, tout se concentre sur les mains. C'est un duo de mains. La performance est grande mais les enfants classent cette danse en dernier dans leur préférences car elle est à leurs yeux, moins expressive.

Enfin, c'est la danse des oiseaux. Deux couples accomplissent un ballet aérien (la femme est sur les épaules de l'homme ce qui renforce la 3ème dimension). Les femmes manient des éventails.

Je n'ai pas parlé des costumes mais ils sont extraordinaires. Malgré le pauvre éclairage de la scène, les habits étincellent ; le rouge, l'or, l'argent, le bleu nuit flamboient et mettent en valeur la peau relativement claire des danseurs (poudrée sans doute).

Vers 20h30, nous sortons du palais, ébahis par la démonstration de beauté et de singularité de ces danses et de cette musique.

Pour manger sans trop chercher, nous décidons d'aller chez nos anciens hôtes, rue Kajenc. On discute de ce qu'on vient de voir. Tout le monde a été fasciné par les yeux des danseurs et Bastien et Elian comprennent maintenant pourquoi baalvere, le héros de la série télé roule des billes de cette manière. Puis nous élaborons nos plans pour approcher le volcan sacré et le gravir. Ce n'est pas évident car il y a un véritable marché autour de cette ascension (guidage, transport) et il faut faire attention de ne pas se faire plumer.

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C
plein de bisous à Elian pour son anniv' .
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